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Le bâton du Faîte Suprême « Taiji bang »
Texte paru dans la revue "ARTS ET COMBATS" rubrique Santé
Dans les arts martiaux chinois, chaque école possède sa propre
méthode d’entraînement au qigong, travail énergétique. En Taiji quan,
mis à part l’apprentissage des formes d’enchaînement (ou kata en
japonais) à main nue ou avec armes (ce travail vise à se connaître, se
préparer) et aussi l’entraînement à deux aux diverses formes de poussée
de mains (ce travail vise à connaître l’autre, à se mesurer), la base de
toute progression reste un travail interne, le qigong. Pour le Taiji
Quan style Chen, les exercices de qigong sont assez variés. En posture
ou en déplacement, ils utilisent quelques fois un support, soit une
boule (Taiji qiu) soit une règle (Taiji ci), soit un petit bâton (Taiji
bang).
On pourrait se poser la question suivante : en qigong, quelle raison y
a-t-il d’utiliser un support d’entraînement (une boule, un bâton,..) ?
Qu’est que cela peut apporter de plus ?
Dans le travail de qigong, le corps doit être détendu, l’esprit calme,
tout se dirige peu à peu vers le Dan Tian, centre de gravité du corps et
centre d’énergie. Or dans la vie quotidienne, en général, plus on veut
se concentrer, plus on éprouve du mal à se décontracter et à se
relâcher.
Le fait de tenir un bâton dans la main oblige la personne à fixer son
attention sur son maintien ; peu à peu, la tension se relâche, les mille
pensées sont remplacées par une seule : faire tourner le Taiji bang.
Ainsi, on entre au fur et à mesure dans l’état ‘Qigong’ : le corps
décontracté, l’esprit calme, la respiration longue, fine, profonde. Pour
les débutants, c’est une méthode intéressante de concentration.
Le Taiji bang est un petit bâton en bois, arrondi des deux bouts,
d’environ 40cm de long, 4,5cm de diamètre. A travers des mouvements
comme tourner, tordre en spirale, en cercle, remuer, le contact direct
de la main et des doigts avec le Taiji bang stimule les points des
méridiens : Laogong, Yu-ji, Si-feng, Shi-sun et permet de masser la zone
réflexe correspondante. Avec une répétition des mouvements, avec le
relâchement de l’ensemble du corps, le « Qi »- l’énergie interne est
induit petit à petit jusqu’au bout des doigts. Grâce à ses mouvements
faciles à apprendre, la présence du « Qi » est rapidement ressentie,
même pour un néophyte. Avec une pratique régulière, l’ensemble
fonctionnel des organes du corps est renforcé, harmonisé : le sommeil
devient plus facile, le système digestif est régulé, l’appétit s’ouvre,
les circulations sanguines et respiratoire s’améliorent.
Le Taiji bang se fait soit sur place, soit avec déplacement. Prenant les
même principes que le Taiji quan : le corps décontracté, les épaules
relâchées, les coudes pointés vers la bas, la poitrine rentrée
légèrement, le dos arrondi et détendu, l’entrejambe arrondi, les genoux
légèrement fléchis, il permet aux pratiquants de s’enraciner peu à peu,
de bien sentir du sol. Les pas sont de trois sortes : en cavalier avec
l’entrejambe arrondi, en arc et flèche (« gong bu »), à pas mobile. Le
poids du corps passe constamment d’une jambe à l’autre jambe, ce qui
augmente l’élasticité des membres inférieurs. A chaque instant, on
distingue le plein (le pied d’appui) du vide (celui qui ne sert pas
d’appui). Les mouvements de torsion en spirale renforcent la poigne des
mains. Ils préparent aux Qin-na et contre Qin-na (les prises de clés).
L’énergie dispersée se rassemble et se concentre en un point. Le
mouvement externe du Taiji bang et le cheminement de l’énergie interne
ne font qu’un : en spirale convergente. La force interne est ainsi
consolidée, telle est la base de travail indispensable des arts martiaux
internes.
L’entraînement aux techniques du Taiji bang Qigong se fait par étape.
Quand le pratiquant a compris le processus et a appris les mouvements
correspondants, il peut ainsi suivre sa propre progression et travailler
tout seul sans risque de dérive. C’est un point particulièrement
important et appréciable en ce qui concerne ces techniques de Taiji
bang.
Le travail comprend huit étapes :
- Eliminer l’énergie impure (PAi Zhuo qi)
- Cueillir l’énergie (Cai Qi)
- Faire vibrer le Dan Tian (Dan Tian gu dang)
- Travailler la petit circulation (Xiao ZhouTian)
- Travailler la grande circulation (Da zhouTian)
- Travailler l’énergie centrale (Lian ZhongQi)
- Travailler le cinabre (Lian Dan)
- Travailler l’énergie Hunyuan (Lian Hunyuan qi)
A chaque étape correspond une série de postures. On travaille
successivement les trois niveaux liés au Dan tian supérieur, central et
inférieur.
Cet ensemble de techniques est transmis par les maîtres Chen Fake et Hu
Yaozhen au maître Feng Zhiqiang. Maître Chen Fake appartenait à la
dix-septième génération de la famille Chen. Il était connu pour sa
maîtrise et sa haute technicité en Taiji quan. Son potentiel énergétique
insondable et sa puissance interne de la force spiralée avaient ébranlé
le milieu des arts maritaux de la capitale. On commençait à comprendre
ce que c’est le Taiji quan style Chen, style originel de cet art. On le
nommait « Taiji yi ren » (l’unique Taiji).
Maître Hu Yaozhen, connu par sa maîtrise en ‘Xinyi liuhe neigong’
(travail interne du Cœur esprit et des six coordinations). On le
surnommait « Hu, la main de fer ». C’était un homme remarquable car il
excellait en même temps dans les trois domaines : le qigong taoïste, la
médecine traditionnelle chinoise et la boxe ‘Xinyi liuhe’, ce qui était
très rare. On l’appelait « le père du qigong contemporain chinois ». En
1953, à P&kin a eu lieu la formation du « centre de recherche des arts
martiaux chinois », Chen Fake et Hu Yaozhen furent désignés par leurs
paires respectivement comme Président et vice-président.
Pour le Taiji bang, il ne possède pas de nom propre. On l’appelait «
ning bang » -tordre le bâton ; complété puis perfectionné par maître
Feng Zhiqiang, il prend le nom de « Taiji bang qigong ». A partir de
1973, ces techniques furent diffusées à travers la Chine. Il faut
attendre jusqu ‘à 1985, après l’ouverture de la Chine vers l’extérieur
qu’elles furent connues hors Chine continentale, à Hongkong, au Japon, à
Singapore, aux Etats-Unis, en Finlande.
Le pratiquant est surpris par la facilité des mouvements, la rapidité à
ressentir sa propre énergie interne, la logique dans le processus
d’apprentissage. Surtout on peut travailler où on veut : un endroit aéré
suffit pour entamer la pratique. On peut opter pour les positions
assises, debout surplace ou en déplacement, suivant l’état physique de
chaque personne. On peut pratiquer pour améliorer son état de santé,
renforcer son énergie interne dans un but amrtial, augmenter la poigne
des mains dans un but professionnel (pour les kinésithérapeutes). Chacun
y trouve plaisir et bien-être.